Étude de développement touristique d’Arvida
Cette étude de développement touristique s’inscrit dans le cours d’une démarche globale entreprise par Saguenay afin d’étoffer et de soutenir, par la mise en tourisme, la valorisation sociale, économique et culturelle de l’ancienne cité d’Arvida, ville de compagnie de l’Aluminum Company of Canada créée en 1926 et aujourd’hui assortie, parmi d’autres reconnaissances patrimoniales, du plus haut statut juridique de protection du patrimoine au Québec, celui de site patrimonial déclaré par le gouvernement. Douze autres sites au Québec jouissent de ce statut exceptionnel, qui consacre leur qualité aux échelles locale, nationale et internationale. Cela fait d’Arvida l’équivalent, en termes patrimoniaux, du Vieux-Montréal ou, si l’on considère les correspondances de ce statut dans d’autres pays, l’égal du Historic Boston ou du centre historique de Toulouse, par exemple.
Certes, la reconnaissance d’Arvida, à tout le moins par un tel statut, n’a pas la longévité de celle de ces exemples. Mais rien ne s’oppose à ce qu’elle en rejoigne la réputation, d’autant qu’elle dispose déjà d’une solide reconnaissance historique en Europe et en Amérique, que ce soit dans les réseaux scientifiques du patrimoine industriel ou au sein de la population qui l’a découverte au premier plan de ses manuels de géographie, jusqu’à la réorganisation municipale qui a rayé de la carte le nom de la ville, au milieu des années 1970. Toutes les destinations touristiques d’aujourd’hui n’étaient pas connues avant de l’être ; au Québec par exemple, si ce n’est de quelques camps de pêche, on ne trouve guère que le Vieux-Québec dans l’offre touristique qui précède la Seconde Guerre mondiale.
Si la valorisation touristique d’Arvida peut aussi prendre appui sur une infrastructure de transport de calibre international, notamment du fait du commerce des croisières internationales à Saguenay, elle souffre surtout de deux lacunes. D’une part, dans le domaine de l’offre touristique à vocation culturelle, l’expertise régionale est encore très timide et les institutions qui la portent sont souvent affectées de sous-développement, surtout si on les compare à celles des destinations dont nous évoquions ci-dessus le caractère comparable. D’autre part, les moyens qui permettraient de contourner cet écueil manquent, de manière générale, parce que les acteurs responsables ont, à défaut de l’expertise nécessaire justement, longtemps misé exclusivement sur une offre dans le créneau des loisirs de nature et, de manière plus spécifique, parce que des tensions politiques dans la ville post-fusion de Jonquière (1975) ou de Saguenay (2002) ont fortement fait opposition à toute expression différenciée d’un « secteur » de l’agglomération fusionnée ; on a donc plutôt asservi la caractérisation culturelle à la démonstration de l’homogénéité de la grande ville, ce qui, de concert avec une certaine propension québécoise à s’instituer dans un niveau de seconde classe («né pour un petit pain»), a produit le résultat que l’on connaît aujourd’hui.
Valoriser adéquatement Arvida sur le plan touristique implique donc d’abord un changement d’attitude : reconnaître la nécessité d’aller au-delà des habitudes pour mettre en place l’expertise requise dans une offre culturelle et touristique de calibre international.
Cette étude s’inscrit donc dans une telle démarche amorcée il y a près de six ans maintenant. Plusieurs des mesures qu’elle présente et justifie ont d’ailleurs été mises en place au cours de cette période, précisément parce que ces mesures s’inscrivaient dans le cursus de ce développement touristique et qu’il semblait dans bien des cas plus approprié d’agir plutôt que d’écrire. Le présent rapport positionne ces mesures, et d’autres à envisager, dans le cadre analytique et praxéologique global auquel elles se rapportent. Il pourra être invoqué afin d’en suivre la logique dans l’avenir.