Université du Québec à Montréal, tous les lundis du trimestre d’automne 2011.
Sous la direction de Lucie K. Morisset, avec la participation de Martin Drouin, Maria Gravari-Barbas, Nathalie Hamel, Michel Rautenberg.
Qu’ont en commun le magasin Warshaw (Montréal), la place Jemaa-el-Fna (Marrakech), le quartier Place-Royale (Québec), Habitat’67 (Montréal), l’arrondissement historique déclassé de Carignan (Montérégie) et La Samaritaine (Paris) ? Ils sont tous, ou ont été, l’objet d’une patrimonialisation, pour avoir été sélectionnés, parfois conservés, parfois encore valorisés au titre de patrimoine. Compris comme formes tangibles d’expression culturelle, ils ont influé pendant des périodes plus ou moins longues sur le devenir de la ville qui les entourait et de la société, locale ou étrangère, qui les a investis de sens.
« Patrimonialisation et représentations patrimoniales en milieu urbain », inscrit à la programmation du doctorat et de la maîtrise en études urbaines, propose d’aborder ce sujet d’une actualité criante, le patrimoine, sous l’angle des mécanismes, des processus et des acteurs qui lui prêtent vie, désignés par le terme « patrimonialisation ». Plus précisément, à l’heure où le patrimoine, définitoire de l’attractivité touristique des villes, est aussi au cœur de la compétition internationale entre celles-ci, le séminaire veut étudier le patrimoine et la patrimonialisation comme des phénomènes de représentation et d’investissement de sens qui affectent plus particulièrement le cadre bâti, les milieux de vie et l’espace urbains, et qui sont à la fois tributaires et révélateurs des relations plus profondes qu’une société a entretenu, entretient et souhaite entretenir avec son environnement humain, matériel et historique. Ce faisant, l’analyse de la patrimonialisation vise tout autant à révéler l’épistémè, les mécanismes et les idées sous-jacentes de l’investissement de sens dans l’objet patrimonial qu’à assurer la maîtrise des procédés et des contextes par lesquels le patrimoine en vient – ou non – à symboliser un lieu, un territoire, une destination.
Afin de mieux cerner les stratégies de constitution des objets patrimoniaux et leur impact sur la ville et ses significations, le séminaire explore les définitions et l’évolution des champs patrimoniaux dans différents contextes urbains, en mettant plus spécifiquement l’accent sur les processus de fabrication et en traitant d’emblée le patrimoine, plutôt que comme une essence ou un fait objectif, comme un discours, c’est-à-dire comme un objet d’herméneutique qui nous révèle les dessous de ses investissements symboliques.