Luc Noppen
Dans la foulée des travaux de l’équipe sur les rôle du paysage construit dans la genèse d’identités collectives, cette recherche se penche sur les représentations de la ville au Québec, du XVIIe au XXe siècles. La réflexion théorique associe en effet, comme par le passé, les formes urbaines à des figures mythiques ; selon l’approche voulant que toute expérience humaine soit assujettie à des représentations idéalisées de l’humanité, l’examen de ces formes permet de comprendre et d’alimenter l’expérience humaine du territoire, à tout le moins en ce qui concerne l’imaginaire collectif à l’égard de spatialisation de son identité. En assumant la ville et l’idée de ville comme réceptacles privilégiés de cet investissement identitaire, la recherche s’intéresse, plus spécifiquement, aux modalités de la migration d’une signification, partagée par une collectivité, depuis une « idée de ville » jusqu’à la matérialisation de celle-ci, dans une image – qu’il s’agisse de celle d’une ville construite ou projetée – ainsi qu’au dialogue entre la ville et son image. En aval et en amont de l’identité inscrite dans la ville, cette image peut être le fait d’une expression écrite (discours aménagistes, « récits de fondation », narrations de voyage ou scènes romanesques, par exemple), dessinée, peinte ou photographiée, ou encore « architecturée », comme elle l’est dans les formes bâties ou projetées. L’intérêt envers les mécanismes de représentation qui mènent à la constitution identitaire de cette « ville/image » impliquera l’analyse transdisciplinaire (histoire de l’architecture et de la forme urbaine, géographie, histoire de l’art, littérature), contextualisée et comparée (à des exemples européens et américains) des villes et des « idées de ville » nombreuses au Québec, nommément en dehors des grands centres qui ont, jusqu’ici, accaparé l’attention des chercheurs. La recherche partage ces images de représentation (objets et discours), en fonction de leur contenu et de leur forme, en « images scripturales » (les écrits sur la ville, projets, critiques ou narrations), en « images picturales » (cartes, peintures, cartes postales, dessins architecturaux, etc.) et en « images construites » (bâtiments et formes urbaines). Compte tenu de la spécificité des « images de villes » au Québec, dont le corpus, comme celui de l’histoire de l’architecture, reste lacunaire en discours explicites, les « images construites » sont documentées, entre autres, à l’aide de la modélisation par programmation informatique, qui, en arrière-plan d’une morphogenèse faite de tradition et de savoir-faire, décode les configurations identitaires implicites que l’absence d’une représentation explicite voilerait autrement. Cette méthode, dont l’exploration constitue l’une des activités de recherche, est aussi responsable, par les contenus générés de la pertinence de la recherche en matière des NTIC qui assistent les échanges proposés et la diffusion des résultats.