« L’architecte-constructeur » : Victor Bourgeau et son époque

« L’architecte-constructeur » : Victor Bourgeau et son époque. Enquête sur la pratique architecturale aux fondements du paysage ecclésial québécois, 1850-1900

Ce projet, dirigé par Luc Noppen, est subventionné par le Conseil de recherches en sciences humaines du Canada (2023-2028).

Ce projet vise à produire, dans un contexte de disparition accélérée des corpus sources, des savoirs nécessaires sur un corpus menacé d’immeubles prééminents dans le paysage construit du Québec et dans le parcours historique des Canadiens français : l’architecture ecclésiale, conventuelle, hospitalière et scolaire associée à la figure de Victor Bourgeau (1809-1888), c’est-à-dire produite dans son atelier ou dans le cadre du système de pratique architecturale que l’exploration de son oeuvre dévoile et permet de comprendre. Il s’agit de quelque 200 immeubles, dont un peu plus de 130 églises qui risquent incessamment d’être fermées, démolies ou transformées, ainsi que d’un corpus équivalent d’archives paroissiales et conventuelles tout autant en péril et sans lesquelles la mémoire et la connaissance de cette immense pan de l’architecture et de l’histoire du Québec de la seconde moitié du XIXe siècle seront irrémédiablement compromises et ce, dans un horizon d’une dizaine d’années.

Ce projet produira ces savoirs, renouvellera les problématiques en rendant disponibles des corpus documentaires et facilitera la prise de décision en matière de conservation patrimoniale en mettant en place un cadre interprétatif original. On propose de relire et de comprendre l’architecture édifiée dans la seconde moitié du XIXe siècle à l’instigation de l’Église catholique romaine, particulièrement par des Canadiens français et principalement (mais non seulement) dans la région de Montréal, à la lumière d’un système de pratique méconnu, centré sur la figure de « l’architecte-constructeur », par opposition à celle de « l’architecte-concepteur » qui domine l’historiographie. En étoffant l’interprétation du paysage construit et de sa genèse historique, cette proposition dévoilera des réseaux d’acteurs, une généalogie de modèles formels et de pratiques constructives, des mécaniques de gestion et d’économie des chantiers qui permettront de situer et de comprendre chacun des immeubles visés — on en priorisera une trentaine, en procédant de ce centre vers la périphérie — et les autres dont elle révèlera ainsi l’intérêt, mais aussi d’ouvrir des pistes heuristiques majeures. Il est plausible, en effet, que le système de pratique en question ait été relativement commun, à cette époque de basculement, pour favoriser l’affirmation identitaire au sein de cultures politiquement minoritaires, en Ontario et dans le nord-est des États-Unis, par exemple.

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